En revanche, je reconnais dans une ruine voisine du fleuve, à trois kilomètres à l’ouest de la ville, l’Asemus da l’historien Priscus, laquelle eut l’honneur d’être inutilement assiégée par Attila, lors de sa terrihie invasion de 442, qui couvrit toute la Mésie de ruines et de squelettes blanchis. Deux villes seules lui résistèrent. Asemus, qui n’était guère qu’un grand blockhaus, comme la plupart des places du Danube, avait reçu dans ses murs un certain nombre de désespérés qui n'avaient rien à attendre des barbares de toute nation sur une rive ou sur l’autre du Danube; aussi firent-ils une dèfense si furieuse, que les Huns, repousses dans des assauts sanglants, se décidèrent à traiter. Les assiégés s’engagèrent à ne pas molester les traînards de l'ennemi, qui, de son côté, promit de ne rien entreprendre sur la ville, et tint sa promesse.
Une cité qui a repoussé Attila, ce n’était pas un fait tellement fréquent qu'il dût s’oublier sitôt. Que de villes des Gaules et d’Italie ont illustré par leur chute le sinistre chef de horde! Chacun sait leurs noms, mais celui d’Asemus était tellement oublié que Lebeau, en racontant le fait, déclare en note que la position de ce lieu est parfaitement inconnue. Cependant le nom d’Asemus se reconnait dans le nom moderne d’Ossemkaleci (kalè ou chateau de l’Ossem: l’Ossem est la rivière que les Turcs nomment Osma et que les cartes inscrivent sous ce nom). Le site de la place se reconnaît, comme dans toutes les ruines romaines de ce pays, à des talus recouverts d’un épais gazon: le vieux mur romain m'a paru visible seulement au nord, mais j’ai passé trop vite pour pouvoir être très-affirmatif.