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consacrer Vexistence ; Pau L. DU JARDIN.
LE bonheur de ma patrie est le seul motif qui m'engage à écrire , et je ne cherche dans ces pages d'autre mérite que celui d'être utile à mes concitoyens , en leur faisant part dç quelques idées relatives à la Constitution , qui doit être discutée aux Assemblées du Champ de Mai.
Sans doute les personnes les plus distinguées par leurs talents et leur patriotisme , sont appelées à en rédiger le projet ; mais les idées les plus simples peuvent échapper aux hommes de génie, et si celles que je vais présenter n'ont point été prévues, je me féliciterai de les avoir fait connaître.
Lorsque l'on croyait les Rois institués par Dieu lui-même pour le représenter , on obéissait à leurs lois comme à celles de la religion , sans examen et sans retard,. La Patrie n'était rien, le Roi et le Clergé commandaient au cœur et à l'esprit des hommes.
Ce lien religieux fut rompu, et le pouvoir n'eut plus de mystères ; chacun raisonna sur les opérations du Gouvernement royal. L'exécution de ses ordres rencontra des obstacles, quand ils furent opposés à l'opinion générale, ou dictés par la passion. De-là vint la révolution française.
L'amour de la liberté et la haine du joug étranger, sont les grands ressorts qu'employèrent les divers Gouvernements républicains qui ont succédé à la monarchie. Chaque citoyen s'occupant alors des intérêts publics, éprouvait l'enthousiasme du patriotisme ; aucun sacrifice ne lui coûtait, parce qu'il le croyait nécessaire au soutien de la république. Cette belle illusion s'évanouit ; une autre vint régner à son tour.
Un héros s'élevait par l'éclat de ses triomphes au-dessus de tous les grands généraux de la révolution ; tous les yeux se fixaient sur lui.
Il rendit à la patrie des services plus grands encore en terminant la guerre civile qui la déchirait ; il fut appelé à la suprême magistrature ; , et le consulat le porta au trône impérial.
Il faut remarquer avec soin les changements, qu'a éprouvés l'esprit public depuis cette époque.
Les nouveaux succès que Napoléon obtint contre les Rois qui l'attaquèrent, le bonheur qui couronna toujours ses entreprises, lui inspirèrent l'idée d'un grand empire, dont la formation devait assurèr le repos de l'Europe.
Marchant d'un pas ferme à l'accomplissement de ses desseins, entouré de ministres qui lui dissimulaient peut-être l'énormité des sacrifices et des malheurs qui allaient en résulter pour la France, Napoléon s'empara graduellement de toute l'autorité dont il avait besoin pour n'être contrarié par aucun fonctionnaire, par aucun corps de l'Etat. Tout se rapporta à l'Empereur. Les dépositaires de son autorité, comme sous le gouvernement des Rois , mettaient la volonté du- Monarque, ses intentions mêmes, connues ou secrètes, au-dessus de toutes les lois ; les instructions ministérielles régissaient l'Empire.
Dans un pareil état de choses, aucune mesure n'éprouvait de résistance ; il n'y avait plus de représentations, de réclamations qui fassentécou-
tées; la crainte enfin paralysa la force de l'opinion publique , ou plutôt l'opinion publique fut étouffée par l'égoïsme.
Car, chacun chercha les moyens d'éehapper aux mesures générales ; employant d'abord la protection des parents, des amis, et ensuite la corruption. Un conscrit était appelé , il obtenait sa réforme à prix d'argent ; le riche valide restait , le pauvre infirme allait périr dans les hôpitaux militaires.
On ne contribuait plus aux charges dé l'Etat, on était imposé. Des magistrats nommés par le Gouvernement, offraient les biens de leurs administrés, sans qu'ils fussent consultés; souvent contre leurs intentions.
Mais les armées françaises , toujours victorieuses, furent détruites par les froids rigoureux du nord ; Napoléon commença à être abandonné des princes que sa fortune seule avait unis à sa cause.
L'année suivante , des malheurs plus grands, encore vinrent peser sur la France. L'Empereur vit tous ses alliés, non seulement s'éloigner de lui, mais encore tourner leurs armes contre les aigles qu'ils avaient juré de suivre.
Réduit à ses propres forces, il ne put les augmenter par l'effort unanime des Français. Les citoyens depuis long-temps ne prenaient point de part active aux affaires de l'Etat ; la. chose publique n'existait plus. Le peuple voyait l'Empereur attaqué personnellement et menacé de perdre sa couronne ; que lui importait ? Il allait peut-être avoir un nouveau maître : les .esclaves aiment ces, révolutions, ils espèrent y gagner.
Maintenant tout est changé ; après avoir atteint le plus haut point de gloire que le génie, militaire puisse obtenir, Napoléon oublie qu'il a commandé au monde ; il renonce aux idées du grand Empire dont il avait posé les bases depuis.
quinze ans ; il borne ses désirs, à fonder le trône en France sur des institutions et des lois, consenties par le peuple qui lui a confié ses intérêts les plus chers. La réussite d'un si beau dessein méritera à l'Empereur la reconnaissance des gépé- rations présentes ; et dans la postérité, comme à présent, cette grande action l'élèvera au-dessus de lui-même.
Jamais époque fut-elle plus favorable pour as surer à jamais la liberté et la félicité d'une grande nation ? Aujourd'hui la France acceptera sans opposition , et avec reconnaissance, une charte basée sur les principes qui viennent d'être proclamés par l'Empereur et par le Conseil d'Etat.
Tous les partis se rallieront sous cette égide sacrée.
La souveraineté du peuple est reconnue ; l'expérience prouve qu'il ne peut l'exercer lui-même ; mais s'il doit la-déléguer , il faut qu'à l'instant même qu'il se dessaisit d'an droit si auguste , il proclame, par l'organe de ses représentants, une constitution qui crée le mode de gouvernement auquel il se soumet.
Ce Gouvernement ayant la puissance législative, judiciaire et exécutive , le peuple doit conserver une force d'opposition organisée de telle sorte, qu'elle soit à même de résister à l'oppression des agents de l'autorité, sans que cette opposition puisse jamais arrêter ni même entraver la marche légitime du pouvoir.
Je ne parlerai point de la liberté de la presse, ni de la responsabilité des ministres, premières garanties des libertés nationales, ces questions sont connues seulement je signalerai en général l'abus du pouvoir comme le plus grand crime qui puisse être commis contre la société. On ne saurait prendre trop de précautions contre ce délit ; il n'est pas de peines trop sévères pour le punir.
L'abus de pouvoir, chez les agents subalternes
surtout, est la vexation la plus terrible pour les citoyens.
Je passe au développement de quelques idées sur la force d'opposition que je crois nécessaire au maintien de l'équilibre entre le pouvoir du gouvernement et la liberté du peuple.
Je pense que le principal moyen d'organiser cette force, serait de diviser les fonctionnaires en trois classes : les fonctionnaires munipipaux, les fonctionnaires judiciaires , et les fonctionnaires impériaux.
Les fonctionnaires impériaux: seraient nommés par l'Empereur , et révocables à sa volonté ; Les fonctionnaires judiciaires seraient également nommés par l'Empereur, mais ils seraient inamovibles ; Et les fonctionnaires municipaux seraient élus par le peuple.
Les habitants d'une commune , réunis à l'époque fixée par la Constitution, éliraient les membres de leur conseil municipal ; ceux-ci , à leur tour choisiraient dans leur sein les maire et adjoints; et après la nomination de ces magistrats, le conseil, présidé par le maire, procéderait à l'élection des députés que la commune devrait fournir au collége électoral de canton.
Lorsque les opérations des assemblées communales seraient terminées, les députés au collège électoral de canton se réuniraient au cheflieu, à l'effet de nommer les électeurs d arrondissement.
Ceux-ci, réunis à leur tour , désigneraient les électeurs de département.
Enfin ces derniers éliraient les députés du département à la chambre législative , et nommeraient les membres du conseil général.
La première séance de chacune de ces assemblées serait présidée par le doyen d'âge; elle aurait pour but la désignation par voie de scra-
tin des président, vice-présidents et secrétaires.
Le conseil de département serait présidé par le préfet; les secrétaires de ce conseil seraient pris parmi ses membres.
Les sessions des assemblées communales, des colléges électoraux de canton, d arrondissement et de département, devraient succéder les unes aux autres, et précéder la réunion des chambres, afin que les nouveaux députés emportassent avec eux les iustructions et les documents que leurs commettants auraient cru convenable de leur donner.
La durée des fonctions municipales et législatives serait fixée par la Constitution, qui permettrait la réélection des fonctionaires.
Je desirerais qu'il y eût des fonds communaux dont le conseil municipal proposât l'emploi, dans son budjet, au conseil général de département; des fonds cantonnaux dont la destination fût également soumise au conseil général par le collége de canton; des fonds communs à un arrondissement, dont le conseil général approuvât encore l'emploi, sur la proposition du collège électoral d'arrondissement; enfin des fonds départementaux, dont le budjet communiqué au collège de département par le conseil général, fut arrêté définitivement par le ministre.
Aucun de ces fonds ne devrait être verse au trésor public.
Les receveurs-généraux, les receveurs d'arrondissement et les percepteurs, pour les contributions directes et indirectes, seraient nommés par les conseils généraux de département; les inspecteurs et contrôleurs seulement seraient à la nomination du ministère.
Les receveurs et percepteurs tenant ainsi leur place d'une administration municipale, et voulant la conserver, éviteraient de faire peser sur les citoyens des vexations inutiles: et cependant
ta gouvernement garderait la surveillance néces- saire pour assurer la régularité du service.
On a bien des fois discuté sur la question de savoir si les députés des départemens devaient recevoir des émolumens. La principale raison pour décider négativement, est que, les députés étant payés par le gouvernement, se trouvent en quelque sorte sous sa dépendance ; mais dans le système que je propose, les députés toucheraient directement chez le receveur général, sur les fonds départementaux ; ils recevraient leur traitement en entier, et pour toute la durée de leur mission, lors même que les chambres seraient prorogées ou dissoutes, et que de nouveaux députés seraient nommés. La quotité de ce traitement aurait été fixée par la loi et la dépense en serait allouée de droit dans le budjet départemental : ainsi l'indépendance des députés étant assurée, la nation conserverait le droit d'appeler au nombre de ses représentans, les citoyens sans fortune que leurs talens et leur patriotisme juraient fait distinguer; ce qui devient une nouvelle garantie de l'égalité politique.
Au renouvellement des assemblées communales et des collèges électoraux, chacun de ces corps pourrait mentionner honorablement au procès-verbal de ses séancesle nom des foncl tionnaires municipaux de leur ressort qui auraient géré d'une manière satisfaisante pour leurs administrés; et même si les services rendus étaient éminens, charger les députés du département d'en solliciter la raention honorable au procès-verbal des séances de la chambre des communes.
Si au contraire des fonctionnaires municipaux étaient accusés de mauvaise gestion, soit par les agens du gouvernement, soit par les citoyens qui - auraient à s'en plaindre, les colléges électoraux ou assemblées communales devraient soumettre au conseil général du département, la question
de savoir si ces fonctionnaires seraient appelés devant les tribunaux.
Quant aux fonctionnaires impériaux, et en cas d'abus de pouvoir ou de mauvaise administration de leur part, l'Empereur aurait la faculté de les révoquer purement et simplement 3 ou de les faire juger par les tribunaux.
Mais si 1 Empereur ignorait la conduite de ces fonctionnaires, ce qui serait toujours présumé, lorsqu'il ne prendrait aucune décision à leur égard; les collèges électoraux lui adresseraient un mémoire tendant à obtenir la mise en jugement des coupables. Copie de ce mémoire serait adressée au conseil général du département.
En considérant aussi le jury comme une institution destinée à protéger les citoyens contre l'influence des agens de l'autorité, je désirerais que l'on mît plus de solennité dans la formation de la liste des 56 jurés que le préfet adresse au président des Cours criminelles. Je crois qu'il serait convenable de les désigner par la voie du sort devant le conseil général assemblé.
Cette marche ne pourrait qu'ajouter à la confiance qu'inspire déjà le jury, parce qu'elle ôterait toute espèce d'influence à l'intrigue et à la passion.
Telles sont les vues que j'ai cru devoir soumettre aux lumières de nos législateurs : si je me suis trompé en donnant à ces idées une trop grande
importance , j'ose espérer ^g u on me le pardonnera en faveur d iï^ip'a porté à les publier. N^c\\
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Dujardin, L.. Auteur du texte
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Vues sur la constitution du Champ-de-mai et sur les divers fonctionnaires dont elle pourrait conserver l'existence, par L. Dujardin
| 99.96 |
1815
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domaine public -- public domain
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2021
| 229.2 |
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— Dans la même séance, le Conseil concède à perpétuité le terrain dans lequel a été inhumé le corps du regrettable M. Pilate.
— Il est décidé que les triperies qui existent encore dans la Boucherie seront transportées à l'Abattoir.
14 Janvier. — M. le comte de Guerne est élu secrétairetrés')rier de la Société de secours mutuels.
17 Janvier. — M. Petit est installé en qualité de professeur de l'Académie de dessin. Les élèves offrent à M. Chevalier, professeur retraité, une médaille en or, comme témoignage de reconnaissance et de regrets.
18 Janvier. — Dans sa séance de ce jour, le Conseil municipal vole 300 fr. pour l'acquisition d'une œuvre de M. Drnelle, décédé professeur de 1 Académie de Douai : — il vote un subside annuel de 2,000 fr. pour subvenir aux frais du culte de la paroisse Saint-Jacqut-s; - il accorde une pension de retraite à M. Chevalier.1.9 Janvier. — Les bouchers, d'accord avec le Maire, signent rengagement de livrer la viande de 1re qualité à raison de 65 c. le 1)2 kilog. Ils avaient manqué à leur parole à la suite de promesses verbales. Il faut reconnaître qu'ils n'ont pas mieux tenu l'engagement écrit du 19.
24 Janvier — Arrivée de M. Fiéreck , général commandant l'artillerie de la 3e division, nommé en remplacement de Pirain.
5 Février. — M. Garnier, sous-préfet de Douai, est nommé préfet de Tarbes.
— Le même décret nomme sous-préfet de Douai, M. Génin, sous-préfet d'Arles.
7 Février. - Formation. d'une Société dite POissonnière, dans le but d'alimenter le marché de Douai de poissons à bon marché. Elle avait été fondée par des souscripteurs qui avaient apporté une cotisation de dix francs. Elle n'a point réussi.
- 10 Février. — Il est créé à Illospire-Général de Douai une Caisse dite Caisse des Orphelines. destinée à leur procurer de petites dots pour entrer en communauté, ou pour 10llt autre établissement ; des secours dans leurs besoins ; et autant que les ressources de la Caisse le permettraient, de petites pensions dans leur vieillesse.
11 Février. — Mort de M. Jules Leroy, avocat distingué dont le talent était fort apprécié à Douai.
11 Février. — Le Conseil municipal vote la somme de 2,700 francs pour la restauration de Gayanl, de sa famille et de sa suite.
« Depuis plusieurs années — comme le dit M. le comte de Cuerne, en commençant son rapport — les cœurs vraiment douaisiens s'attrisiaient de l'état de délabrement dans lequel se trouvait notre grand père Gayant ainsi que sa respectable Camille. »
V2 Février. — Dans la séance de ce jour, le Conseil municipal entend le rapport fait sur les comptes des travaux de l'Hôtel Académique. Il est établi que les dépenses montent définitivement à 147,989 fr. 77 c.
— Le Conseil vote une somme de i ?>,"22fr. 97 c. pour la construction d'une aile de bâtiment au Couvent de la Providence.
3 Mars — La famille de Franqueville trouve dans ses papiers le parchemin original par lequel Rodolphe 11, empereur d'Autriche, a octroyé des lettres de noblesse à Jean-de-Dologne.
4 Mars. — Un arrêté de M. le préfet nomme M. Jules Cellier, Professeur-adjoint à l'Académie de dessin.
9S Mars. — Mort de M. Durand d'Elecourt, conseiller honoraire à la Cour impériale de Douai, membre du Conseil municipal, ancien adjoint au maire, ancien député, ancien maire par intérim.
Cet honorable citoyen avait exercé ces dernières fonctions en 1815.
3 Avril. — A l'occas'on de la Mi-Carême une brillante cavalcade, composée de jeunes gens de la ville, parcourt les rues et fait une quête pour les pauvres.
5 Avril. — A la suite d'un rapport de M. Bommart, le Conseil municipal vote une somme de 38.739 fr. pour la construction d'un nouveau bâtiment à l'Enirepôl des Sucres.
94 Avril. — Un incendie terrible éclate au faubourg d'Arras, dans une ancienne fabrique de noir animal que l'on avait transformée en écurie. Ce local contenait î^O chevaux appartenant au 18* d'artillerie. Un militaire à été retrouvé complètement carbonisé ; la plupart des chevaux ont péri.
a liai — M. Pascal est nommé directeur privilégié du théâtre de Douai, pour la saison prochaine.
Io Mai. — La Cour d'assises, audience de ce jour, juge Affaire Cornil, Durand et Chauvin, relative à l'explosion d'une mai.
son de la lue du Forl-dt-Kell, accident qui a entraîné la mort du regrettable M. Collier. Chauvin, capor d de chasseurs, est acquitté ; le sapeur Durand est condamné à un ail de prison ; Cornil à deux années de la même peine.
17 Il.-ii. La Société chorale de Sainte-Cécile remporte un troisième prix, au concours de Saint- Quentin.
IS liai. — MM. Fidon et Courmont se rendent adjulicataircs des travaux de restauration et décoration de la grande salle et de la ( hapelle de rttôtet-dc-Viite.
2 Juin. M. Guilmot, receveur particulier des finances, est admis à la retraite, il est remplace par M. de Château, receveur aux Andeiys.
6 Juin. — La nouvelle de la victoire de Magenta est accuci J'e avec enthousiasme par la population douaisienne.
H3 .luln, — Un procès important, dit des Mines de liruay, amène à Douai six avocats célèbres du barreau de Paris : Ml. Senarf, Hébert, Marie, Jules Favre, Mathie et Payen.
21 Juin. — Li grande victoire de Solferino excite au milieu de nous le plus vif enthousiasme. Toutes les fenêtres sont pavoisées. Illumination générale.
25 Juin. — Mise en vente de l'ancien édifice dit le Temple.
12 Jullet. — La nouvelle de la conclusion de la paix entre Napoléon 111 et l'Empereur d'Autriche arrive à Douai, au moment où commençait le concours d'harmonie mililaire, le mardi de Gayant. M. le M lire le fait publier à son de trompe dans tous les quartiers de la ville.
— Le concours de musique a donné les résultats suivants pour les musiques de 1 rD classe : ter prix, Valeucieunjs; 2e prix, Maubeuge ; prix de solo, Merville.
13 Juillet. — Pénédiction de la chapelle de Notre-Dame d'Espérance, à Doi ignies, M le corute Dut hàiel lils et Mlle Duchâtel Ollt parrain et marraine de cetie cloche. 15 Juillet. - MM. les officiers du 1 Ge bataillon de chasseurs font célébrer, à Notre-Dame, un service solennel pour les soldats français morts en Italie.
?83 Juillet. - M-e Desbordes-Valmore, qui s'est fait une belle réputation dans les lettres, meurt à Paris, à l'âge de 73 ans.
185 .tu'.:et. — La musique de la ville donne un concert, sur la place St-Jacques, au profit des blessés de l'armée d'Italie.
4 Août. — Un service funèbre, dû à l'initiative de M. Th.
Denis qui avait provoqué une souscription, est célébré dans l'église de Notre-Dame, à la mémoire de Marceline Desbordes-Valmore.
Toutes les notabilités douaisiemes y assistent. La musique de la ville et la Société chorale de Sainte-Cécile prêtent leur concours.
81 Août. — La ville reçoit avec beaucoup de pompe les ce et 10e bataillons de chasseurs revenant de l'année d'Italie. Ce dernier corps a eu l'honneur d'enlever un drapeau à l'ennemi.
JIS Août. — Un service solennel est célébré, dans l'église St-Jacques, à la mémoire des militaires des 6e et 10e bataillons de chasseurs, morts pendant la campagne d'Italie.
8^ Août. — Réception des batteries du 13e d'artillerie revenant de l'armée d'Italie.
7 Septembre. — Le Conseil municipal vote la somme de 4,000 fr., pour la part de la ville. dans l'établissement des deux passerelles en fer, des ponts du Rivage et du Marché-au-Poissun. —
Dans la même séance, on présente le procès-verbal de réception de l'aqueduc construit dans la rue des Ecoles, et dont la dépense s'élève à 8,075 fr. Zi3 c.5 Octobre. — Arrivée à Douai du maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta. L'illustre héros arrive vers midi, passe la revue de toute la garnison, visite les établissements militaires et repart le lendemain malin pour continuer la visite des principales places de son grand commandement militaire. Il était descendu à l'hôtel de l'Europe.Il Octobre. — Le Préfet approuve un arrêté municipal par lequel les propriétaires ou locataires de maisons situées dans les rues qui appartiennent à la grande voirie, devront en cas de construction ou de réparation, adresser une pé ilion spéciale au Maire de la ville, après avoir obtenu l'alignement de l'autorité préfectorale. Cet arrêté est basé sur le décret impérial du 23 avril 1853 qui rend applicable a la ville de Douai des dispositions du décret du 26 mars 1852, relatif aux rues de Paris.
S Novembre. — Rentrée de la Cour impériale. La messe du St-Esprit est dite dans la salle des Assises.
10 Novembre. — Dans la séance du Conseil municipal, le Maire communique une lettre de M. le doyen de Saint-Jacques, relative à l'emprunt de 100,000fr. sms intérêt, consenti par les paroissiens. Il demande eu outre l'intervention de la ville pour concourir à l'amortissement de cet emprunt. Le Conseil délibère que l'allocation de '',n 0 fr. inscii e au budget de 1860 sera portée à 6,000 fr. et que laciie allocation de 4,000 fr. sera inscrite chaque année au budget de la ville, jusqu'à complète libération de l'eipprunt de 100,000 fr. contracté par la Fabrique de St-Jacques.
15 Novembre. — La rentrée des Facultés a lieu, pour la première fois, dans le grand amphithéâtre de l'hôtel académique.
18 Novembre. — Vente de la loge maçonnique de la Parfaite-Union de Douai, située rue des Pierres. Cette loge ouverte en 1807 avait été fermée en 1852.
9 Décembre. — Une première réunion des ouvriers-élèves du Lycée de Douai, a lieu à l'Hôlel-de-Ville, dans le but de fonder une association de bienCabance.
18 Décembre. — Commencement d'une gelée si extraordinaire-qu'au bout de trois jours on vit des patineurs sur la Scarpe.
Le thermomètre a marqué 18 à 20 degrés au-dessous de zéro. Mais cette température ne dura que quatre à cinq jours : le dégel arriva immédiatement.
NOTICE HISTORIQUE SUR LES ALUANACHS, CALENDRIERS , ANNUAIRES PUBLIÉS A DOUAI DE 1720 A 1860.
Nous croyons qu'une courte notice sur les Almanachs Calendriers et Annuaires, imprimés à Douai, depuis 1720 jusqu'à œ jour ne sera pas sans intérêt en tète de cette publication. 1 Le premier livre de ce g nre parût à Dou en 17-20, de furmat in-32; il sortit de: presses de J. -J. Arthur Taverne, qui prenait la qualité d'imprimeur du Roi. Son établissement avait pour nseine le St-Espril, et il était situé rue des Ecoles, dans la maison aujourd'hui occupée par le libraire Foucart. Ce livre axaU pour titre : -
« Petit Calendrier pour MDCCXX. — Noms de Nosseigneurs de p la Cour de Parlement de Flandre avec leurs (lemouijes. Cette publication fut continuée annuellement par sa veuvj! jusqu'en 1725 ; elle avait n joulé à sa qualification d'impritneur du Roit celle de Messieurs les Magistrats Jacques-François Willerval, ayant repris l'étahlissement de la veuve Taverne, continua cette publication, comme le firenl ses buccesseurs, jusqu'en 1790.
II. Le titre en fût ainsi changé vers 1750 : c CALENDRIER calculé au méridien de Douay, contenant le » lever, le coucher du soleil et Ie3 phases de la lune, etc., pour » l'année bissextile MDCCL, avec les noms et demeures de Nossei» gneurs de la Cour du Parlement de Flandre, l'ordre des Con» seillers-commissaires aux au liences, le journal du Pulais, de
» Messieurs de la gouvernance du souverain Baillage de Douay et » Orchies, et de Messieurs du Magistrat de cette vile » III. En 1789, Derb iix, Neveu (Jean-Pierre) , qui fut plus tard pendu à la lanterne par une populace effrénée, hnprimeur à l'enseigne du Missel d'Or, coin des rues St-Tho nas et des Ecoles (demeure actuelle de M. l'avocat Flamant) publiait les « Etrennes aux citoyens de Douai pour l'année 1789, in-12. »
Ces étrennes furent aussi publiées en 1790;
IV. En 1791, M. Plouvain, ancien Conseillera la gouvernance, faisait imprimer chez le même typographe, le « Tableau général du département du Nord, pour l'année 1791 : La Loi et le Roi, in-1 G. »
V. En 1792, M. Marlière (Charles), successeur de Derbaix Neveu publiait un « Almauacli de la société des amis de la Constitution, séa'nte à » Douai, pour l'an IVe dt* la liberté, par Plouvain, in-ii^. »
VI. Il édita, en 179:5, aussi de PI iuvain, un 0 Etat général du département du Nord, et spécialement, de la Il ville de Douai, son chef-lieu, pour 1793, l'an 1er de la République » française, in-18. »
M. Marlière imprima un travail semblable de M. Plouvain, pour les années suivantes de la République jusqu'en l'an IX inclusivement.
VII. En 1797, s'imprimait le « Tableau des autorités constituées du département du Nord, 9 in 18, de M. Plouvain. > VIII. En 1802, 1803, 1804 parurent le 1 Calendrier de la ville de D'uai, chef-lieu de la préfecture du » département du Nord, toujours dû à M. Plouvain., in-24. u IX. En 1803 et IW, M. Bouin, secrétaire-général de la préCccture, faisait imprimer chez Marlière, un « Annuaire statistique du département du Nord, etc., in-S*, » X. La veuve Descamps, dont le mari mourut sur l'échafaud révolutionnaire , et dont l'imprimerie était rue du Cloclier-St-Amé, édita, un « Almanach de Douai de 1797 à 1798., in-8". Il XI. M. Carpentier fils, publia en tSr,O : « Almanach de la ville de Douai pou.r l'an 1806, iu-24. »
XII. M. Plouvain donna ensuite un « Almanach de la ville de Douai p,our 1807, in-18. »
XIII. Il fit imprimer en 1803 : - « Annuaire statistique et historique de l'arrondissement de » Douai, in-12. à
XIV. Il édita en 1809 et 1810 : « Etrennes aux habitants de Douai, in-12. 1 ; XV. Puis en 1811 un « Calendrier de la Cour d'appel séant à Drm: i et de la Cour de » Justice criminelle et spéciale du département du Nord, in 12. »
XVI. M. Plouvain a fait imprimer ensuite et successivement chez la veuve Wagrez et chez son fils ainé qui lui succéda : a Calendrier de la Cour impériale de Douai, pour 1813 et 1814, » in-12.
Il Calendrier de la Cour royale et de la ville de Dauai, dj 1814 a à 1832 inclusivement. »
XVII. M. Jarquart a publié en 1832 et 1833 d'autres « Calendriers de la Cour, in-12, dont l'auteur était M. Poticz, » commissaire de police. »
XVIII. De 1836 à 185!) ; M. Adam, imprimeur, a publié chaque année un livre sous les titres suivants : « Annuaire de la Cour royale, — puis de la Cour d'appel, - de « PAcidémie, du Commerce et de la ville de Douai, — Almanach » de Douai, in-12. »
XIX. En 18^2, M. Adam a édité un « Calendrier catholique douaisien, in-16. »
XX. MBe veuve Céret-Carpentier a publié pour les années 1856, 1857,1858 et 1859, un a Annuaire administratif, académique, ecclésiastique et judiciaire » pour le ressort de Douai, in-12. »
XXI. Enfin, M. Crépin, a publié en 1857, 1858 et 1859, un livre sous le titre : « Annuaire général de la ville de Douai et son arrondissement » pour 18.. »
Quelques uns de ces petits ouvrages contiennent des notices historiques et statistiques sur Douai, sur son arrolllhsSflnwllt, des articles nécrologiques et des renseignements de toutes soi tes qui pourront être très utiles à celui qui eulreprendra d'écrire une histoire de la cité.
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Chronique douaisienne...
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1860
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domaine public -- public domain
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2021
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bpt6k6307393s
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J\JTALHEUR. aux Francais dont les écrits tendraient à exciter une guerre civile, honte de la France y et triomphe ou espoir des étrangers! Mais le jourest venu -où le calme intérieur doit renaitre, et où l'on peut montrer qu'il n'y a point de motifs suffisans de chercher à remettre la chose en question. C'est le seul obj et de ces notes écrites sans art. L'auteur desire avant tout le repos et l'inviolabilité de la France.
Que l'on ne s'y trompe point. Malgré des écarts, des violences et des fautes , Napoléon est le prince > du siècle. Si vous voulez une république, assemblez donc les citoyens , et que toutes choses soient ce qu'elles devraient être. Que si , ne pouvant réunir tous les Français dans un pré comme les hommes de Schwitz , ou dans la place publique comme divers peuples de l'ancienne Europe, nous voulons à-lafois et un chef et des lois du i9- e siècle , Napoléon peut être ce chef. Que l'on ne s'y trompe point, dis-je ; les défenseurs de nos libertés forment deux classes opposées l'une à l'autre. La plus nombreuse se compose d'hommes qui veulent des troubles afin de jouer un rôle ; ils desirent un prince faible. Dans l'autre, sont tous les individus sincères et qui n'ont point de prétentions politiques. Ennemie de l'autorité absolue, mais amie du repos, cette classe n'admettra
ni des principes on des dogmes insensés, ni des usages surannes; elle pourra préiérer le fils de la révolution : elle ne veut. pas une charte accordée volontairement et octroyée, mais de véritables formes constitutionnelles.
Un étranger nous gouvernerait! Ce mot tant répété n'est qu'une vaine allégation de l'esprit de parti. Est-ce comme étranger que le Général, le Consul ou l'Empereur s'éleva parmi nous ? Est-ce comme vainqueur de la France, que né ou naturalisé français, ce soldat de nos armées rendit la France victorieuse ? S'est-il emparé du pouvoir à l'aide de troupes étrangères, ou bien l'a-t-il saisi avec ses deux bras ? Enfin, est-il parmi nous ce que fut en Angleterre G-uillaume-IeNormand? Il y a dans ce mot d'étranger beaucoup de mauvaise foi. Si c'est comme français que Bonaparte a toujours agi, s'il n'a jamais arboré sur nos bastions que le drapeau français, évidemment il est l'un de nous ; et si même il l'est devenu par adoption, cette adoption n'a rien qu'on puisse reprocher à la France.
- Quelles couleurs assureront l'indépendance de la patrie, celle de la génération qui est, ou celle de la génération qui fut ? L'ennemi craindra-t-il un drapeau que nos trou pes ne veulent pas reconnaître, parcequ'en effet elles ne l'ont pas vu sur les champs de bataille, en Afrique et en Europe.
Puisque Napoléon fut admis par la France et reconnu par l'Europe, les Bourbons ne peuvent avoir des droits anciens. Ils devaient donc établir leur nouveau règne sur des titres nouveaux ; mais ils ont mieux aimé supposer encore réels ces droits perdus. Ils ont ainsi avoué que la force est la justice, ou que le droit se trouve dans le fait. Si la fortune rétablit Napoléon 3 Il îa 't également le reconnaître. Au défaut du droit de naissance, droit que détruisit le règne de Napoléon déclaré légitime par les rois, les Bourbons eussent pu
se procurer un consentement général exprimé d une manière solennelle (i). Louis XY1II n'ayant pas jugé à propos de s'appuyer sur cette base du pouvoir, il est visible qu' une chose essentielle manque a la légitimité de son règne; et cette chose essentielle, c'est ou sa propre opinion, ou celle de l'Europe, la France comprise. Alors l'événement devient la seule loi ; et quoiquon en puisse dire, ou de 1 aveu de Louis III, ou de celui de l'Europe, le premier favori de la fortune qui s'emparera du trône gouvernera aussi légitimement que le descendant de l'usurpateur Hugues Capet.
Cherchez à ceci quelque réponse sérieuse , ou retranchez de vos phrases irréfléchies le mot légitime pris dans cette acception.
Il fallait que Louis dit en entrant : Vous avez besoin de mon nom pour tout concilier avec quelque promptitude; mais je viens comme votre nouvel ami, et non comme votre ancien maître : vous, citoyens, vous aurez une constitution; et vous, militaires, vous conserverez les étendards de la victoire. Il fallait aussi que le congrès Jamais la Provence n'eût revu Napoléon sur ses rivages.
Un écrivain fameux, qui paraît être revenu des royaumes de la solitude en croyant tout (2), a cru que le dix - septième siècle pourrait revivre ; il a cru durable l'apparition des fantômes. Il a écrit, il y a quelques semaines : « Le Roi est fort, très-fort. On peut » parler conjurer même, cela ne fait de mal à peril sonne. »
(1) Le droit politique sera plus favorable à Napoléon qui a , demandé partout des signatures , etc. : quant au droit d'origine divine, l'Europe a professé une doctrine contraire. Et si les rois ont négligé de certains principes afin de terminer des guerres , imitons les afin d'éviter la guerre civile plus funeste encore.
(2) G. du C. Première partie, Liv. V , Chap. IV.
M. Comte vient de publier un écrit (mars 1815), où il décide fort bien, a certains égards, la question qu'il s'est proposée ; mais cette question fait seulement partie de la question principale que M. Comte n'examine pas sous les autres rapports. Il faut se demander, avant tout s'il y a pour la France quelque autre alternative probablé, qu'une contre-révolution plus ou moinslong-tems déguisée, ou une guerre civile, ou le rétablissement de Napoléon. Il serait encore à propos de voir si, même en ne tombant pas promptement dans les dangers d'une contre-révolution, la France jouirait longtems d'une paix si malheureuse, ou bien si l'on résisterait avec une armée paralysée aux desseins généreux des grandes puissances, qui aujourd'hui traitent les petites. avec tant d'amour, et qui, à l'égard de la France, n'ont jamais eu, comme on sait, l'intention d'épuiser les ressources, de diviser les intérêts, de partager les provinces. La question traitée par M. Comte se présentera plus naturellement, quand ces questions premières auront été résolues en faveur de notre liberté de choix; alors il faudra seulement éviter de confondre les espérances avec les faits, les dernières années de l'empire avec les années précédentes , une guerre générale avec une paix générale , la France puissante avec la France affaiblie, et un bienfait royal avec une constitution.
Et quand d'autres hommes insultent, dans leur puérile éloquence, celui qui dirigea, qui, pour ainsi dire, posséda ce que M. de B. lui-même appellewree puissance surhumaine, la plus formidable que le monde eût vue, ceux-ci pensent montrer leur force d'esprit, et ceux-là faire croire à leur moralité ; mais ce qu'on découvre surtout, c'est que les uns et les autres ne se sont pas même aperçu de l'extrême petitesse de leurs conceptions.
Il est vrai, je n'ai pas vu sans impatience que, depuis la retraite de l'Empereur, on voulût l'abaisser. L'eût-il
mérité même, cela n'eût pas convenu à des Français, trop d'idées se rattachaient au souvenir de sa grandeur. | J'ai toujours été loin d'aimer sans réserve son admi- I nistration; mais enfin la superbe France était avec lui. I Je suppose qu'on ait élevé sur la place publique une statue, celle de la France : des gens viennent qui la renversent, qui la trainent dans la boue des fossés ; cela vous semble-t-il bon? examinerez-vous si cette statue était d'un travail fini -' ou si le marbre en était pur '? Misérables détails ! C'est la grande France qu'on insulte, qu'on veut immoler. Qui de vous la reconstruirait ? C'est une France chétive que vous prétendez faire. On aura quelques arpens dans la Belgique, on tâchera de les obtenir au Congrès; et l'on a livré soixante places fortes que nos vingt ennemis n'eussent pas prises ! Ces hommes-ci, après avoir tout signé, dinent contens; mais l'Empereur était debout quand on menaçait un village de l'empire.
- L'Angleterre parvenant, avec l'or enfoui dans ses comtés inabordables, à renouer toujours de nouvelles coalitions, les entreprises de la France étaient d'une difficulté que les autres âges du monde n'avaient pas connue. On ne détruit plus les peuples; on ne les transfère plus d'une contrée dans une autre. Les vaincus recommencent plusieurs fois la guerre. Et ces hommes qu'il fallait vaincre chaque année, n'étaient pas des Babyloniens amollis, des Numides soudoyés, des Gaulois désunis, des Mexicains sans armes; c'étaient des Européens disciplinés et armés comme les Français. Il faijait de plus ou satisfaire ou contenir une population de trente, de cinquante, de soixante-dix millions d'individus. L" Angleterre, restant inaccessible, avait une grande facilité pour ranimer des peuples liés par tous les rapports du commerce, et par les nombreuses communications sociales des modernes. Ce système d'envahissement de Lisbonne a Smolensk, de Lubeck à Ta-
rente, cet aggrandissement si rapide est sans exemple dans l'histoire entière; et si une gelée très-forte n'eût remplacé la gelée ordinaire qu'on attendait pour traverser avec moins de pertes la Lithuanie, cette conquête ellt pu se consolider, malgré tout ce qu'il y avait eu de hasardeux dans la prise de Moscou aux approches de l'hiver.
D'autres tems , d'autres soins. Il n'est plus question de Cadix et de Riga; il ne s'agit plus d'être redouté partout ; il s'agit d'avoir la confiance des Français, et d'être long-tems dispensé de craindre ou d'inquiéter l'Europe.
La fortune le soutenait, disent-ils, et il avait seulement un caractère fort. Mais ne serait-ce rien que d'être un homme fort? Quand les anciens monarques, les anciens capitaines faisaient des fautes, quand ils éprouvaient des revers, on disait: C'est un mauvais moment dans leur vie. Mais notre siècle veut de la correction dans sa politique comme dans sa littérature : il veut une chose bonne; cependant il s'y attache trop, cela conduit à ne point discerner le génie.
Parce qu'il y a des lignes funestes dans l'histoire de son règne, on veut en arracher les belles pages ! Annibal eut des revers plus opiniâtres, et il passe encore pour l'un des premiers capitaines que le monde ait vus.
Napoléon a de grands désastres à réparer. La fortune a -écrit sur ses pas : Un homme est peu de chose dans l'univers et le plus grand des mortels ne serait encore qu'un être faible. C'est à lui de connaître cette vérité, de la sentir profondément pour ajouter à sa grandeur: mais c'est à vous d'avouer qu'il est grand .parmi les hommes. On a voulu rire de ce mot: Les armées ennemies fussent-elles à Montmartre, la France ne céderait pas un village. L'Empereur parlait des ennemis que la France avait alar§, et il ne pouvait parler des défeo-
tions qui eurent lieu plus tard, ni supposer l'infidélité de ses propres M. (i) Il n'a pu dire : L'ennemi mt-il sur les hauteurs de Montmartre, j'aurais toujours été vainqueur ; il disait donc seulement : On ne désespérerait pas de l'avenir; on ferait comme à Rome menacée par. les Carthaginois. Il n'a pas voulu dire : L'enremi fût-il posté près de Paris, au nombre de six cents mille hommes , moi, seul individu, je le repousserais. Voici donc ce qu'il fallait entendre : La France telle qu'elle est , avec ses dépendances, résisterait aux ennemis qu'elle a y si même ils étaient arrivés à Montmartre, et elle ferait encore une paix lionorable. Ensuite une grande partie de l'Allemagne &e décide, et l'Europe se trouve réunie contre l'ancienne France qtie divisent, et la proposition secrète du rétablissement des Bourbons, et l'influence des femmes agitée&par les prêtrfs. Il est ridicule d'attribuer à cette -situation nouvelle le mot dit auparavant. Et d'àiUeurs, c'est encore une grande question de savoir, si l'Empereur mieux obéi, n'eût pas réduit les ennemis à se retirer. Enfin, il n'a réellement pas démembré J'empire, il a laissé à d'autres le soin de renoncer a la force de la France, et. il lui reste encore cet avantage, qui, seul, peut effacer une partie de sés torts, Je n'avoir pa» signé l'étrange paix de 1814, l'abandon de la rive gamche du Rhin, et le despotisme maritime de l'Angleterre (2).
(1) 'C'est une suite déplorable de nos longues agitations* Toute bonne foi se perd : -on o&e employer le pouvoir qu'on a reçu contre celui même qui nous l'a confié; n'ayant plus de sécurité, le priàce ne sait comment rester écpita.blei et le peuple aussi , voyaht que l'on joint trop sotiveïit à des qualités, brillantes une conduite méprisable, ne sait plus. quels hommes il doit considérer.
(2) Depuis cette pais. , il v a nias de renos en France. -
Je le crois. Le l^fetmreia^synlus de repos le dknaàche j mais le le crois. de repos le dimanche; mais
Quel est ce changement général opéré en Europe?
A la place des armées, les vaisseaux apportent la loi; la prépondérance anglaise tient lieu de la prépondérance française. On n'a plus un Empereur aux formes rudes , mais un Empereur aux formes équivoques.
Ce n'est pas le sceptre de Charles-le-Grand, c'est une branche de sapin d'Archangel pour le knout. Et ne dites point que le premier Charlemagne n'a pas été renversé. En 800, l'Europe ne pouvait se liguer, puisqu'il n'y avait point d'Europe; le seul empire d'Orient eût pu agir, mais il ne possédait pas assez de guinées pour le patriotisme des Illyriens et des Suèves.
En 1814 > on souffre les insultes des Barbaresques, on opprime les Juifs, on envahit la Pologne :1a populace et FInquisition régnent sur le Tage: le pavillon Anglais enveloppe l'Europe, et on aura pour la soutenir, les Jésuites. Que signifie cette traite des Nègres, proposée, acceptée, éludée, tour-à^tour odieuse ou ridicule?
Imagine-t-on une plus mauvaise plaisanterie que cette promesse des Colonies Françaises? Qui ne voit que dans tout ceci l'on n'avait au dehors qu'un dessein ?
d'accabler la France , et qu'au dedans tout se réduit, depuis vingt années, à la lutte entre le quatorzième siècle et le dix-neuvième.
On a représenté les chefs des nations unis contre l'usurpateur français, et Alexandre accomplissant enfin son projet de rétablir en Europe l'ancien état des choses pour la paix du monde. On ne saurait en imposer plus hardiment (1). Non-seulement tout cela est chi-
s'il faisait toujours dimanche , il n'y aurait point de récolte.
Si la France faisait une seconde fois ce qu'elle a fait en 1814, il n'y aurait plus de France.
(1) On a su toutefois pousser encore plus loin le burlesque.
On a inventé dans certains journaux une guerre fort belle, fort longue, fort tenace entre le génie de M. de Ch. et la
mérique, et le désintéressement d'Alexandre est deTenu risible; mais de plus les faits sont évidemment contraires. La paix de Tilsitt, le mariage de Napoléon, l'occupation actuelle de la Pologne, détruisent la supposition de ces grands projets en faveur de Find i pendance des divers Etats, et du rétablissement des j Bourbons.
La marine, le commerce conviennent -à l'Angleterre; et il appartient à la France d'être belliqueuse: assurément cela ne veut pas d 'ire, qu'à la manière de Rome, elle doive toujours faire la guerre; mais qu'elle doit toujours être en état de la faire. Que nul ne soit grand en Europe, ou que la France ait une attitude ÏmpQsante; elle seule peut-être serait un jour capable d'être grande sans opprimer. C'est à elle, ce semble, qu'il est réservé d'obtenir, d'établir une paix durable. La guerre est toujours un mal, la paix n'est pas toujours un bien ; espérons maintenant une noble paix.
On assure à Louis qu'il a pacifié l'Europe. Il a pu desirer de la pacifier, cela est même très - vraisemblable ; mais il n'a eu rien à faire que de monter les degrés des Tuileries. C'est le malheur de la France qui a pacifié l'Europe ; et si vous disiez qu'on doit à t Louis un essai de paix générale_, il faudrait ajouter, avec aussi peu de justice, qu'on lui doit la destruction de la puissance Française.
Il ne suffirait pas qu'un roi ne fit ancun mal. Les vertus d'un particulier sont insuffisantes dans un monarque. Un homme en place qui n'agirait pas, n'opérerait point le mal, mais il ne remplirait pas ses devoirs. On demande d'un prince qu'il fasse de grandes èhoses; je veux dire celles qui sont réellement bonnes.
puissance de l'Empereur. Si quelques pour-parlers ou des complimens l'ont interrompue, c'est ce qu'on ne publie pas.
Dans des lieux paisibles, ce serait peut-être assez de rester irréprochable. Au milieu de l'Europe, et dans un siècle agité., il faut plus, il faut faire le bien. De louables intentions constitueraient seules le caractère royal à Owhyhée., mais en Europe il faut du génie.
Jadis les Francs, en nommant leur roi, Relevaient sur le bouclier. Pourquoi les femmes ne règnent-elles jamais en France,? Les femmes aussi pourraient être modérées et paisibles. Plusieurs individus méritent l'estime ou le respect, sans que ce soit un devoir de les saluer rois.
- Dans un tems fécond en révolutions, ce n'est pas le mécontentement d'un parti qui empêche le gouvernement de se soutenir. Cela n'était vrai que chez les anciens, aujourd'hui la polîce est assez forte contre lès tentatives des factieux. Mais ce qui détruit les gouvernemens, c'est une simple bonne volonté probable, une sorte d'indolence : on croirait ainsi tout concilier; cependant personne n'étant satisfait, l'on n'a personne pour soi., excepté les employés ; or, ceux-ci, on les a seulement jusqu'à ce que d'autres se présentent pour leur donner des appointemens semblables.
Je ne puis comprendre ce qui a été dit à la chambre des communes le 1. er août. « Pour défendre le trône, « nous abandonnerions même un droit sacré. »
Comment abandonne-t-on un droit sacré? Le trône est-il bon, si pour le défendre il faut abandonner de tels droits? Enfin, n'étant point le peuple, mais les envoyés du peuple, avez-vons le droit d'abandonner, selon les fantaisies de votre zèle, un droit sacré?
Quand il convient aux intérêts de ceux qui écrivent, de répéter que l'Empereur a dû tous ses succès à ce qu"ils appellent des crimes politiques, cette convenance même leur impose l'obligation de fournir des preuves positives; ce que pourtant on a bien né-
gligé (i)..Sans doute, on peut dire beaucoup de choses contre les entieprises d'un capitaine qui voulut ramener les tems où l'épée donnait les couronnes; ces tems qui toutefois furent ceux où s'élevèrent les premières dynasties de la France. On peut dire qu'il lui eût paru trop simple de régner uniquement selon la justice. Il fallait à sa prodigieuse activité un ouvrage plus difficile, une perspective plus vaste. Il aimait ces manœuvres qui se multiplient à l'infiniqui, après un stratagème ou un coup hardi, exigent d'autres stratagèmes et d'autres hardiesses, et après un traité de paix y une nouvelle guerre, source de négociations plus favorables. Se conformer aux goûts pacifiques, ou si l'on veut à la mollesse de l'Europe actuelle, c'eût été trop tôt fait ; la combattre offrait un avenir plus animé. On peut dire encore plusieurs autres choses, auxquelles on pourrait également en opposer plusieurs (2). Cependant un seul mot suffit, non pas pourdisculper en tout l'Empereur, mais pour changer
(i) Et de même ceux qui pensent que Louis n'a point la vigueur ou l'étendue d'esprit nécessaires dans de telles circonstances , doivent néanmoins, ou prouver qu'il n'était pas sincère , ou le respecter.
(2) On rejète sur l'Empereur tous les vices de ses agens , et presque toute la corruption européenne. A la vérité, le prince est responsable de ce qui se fait impunément en son nom , mais il ne faut pas aller jusqu'à lui attribuer l'intention du mal qu'il a négligé d'arrêter.
On cite de la jeunesse de Napoléon quelques lignes sombres et un peu farouches. Dès ce temps il sentait peser sur sa volonté même le fardeau de sa grande destinée. Son idée principale semble toujours avoir été celle de l'accomplissement des choses ; on l'a très-bien appelé l'homme du destin.
Mais on a vu des têtes altières , mûries par les épreuves et par le temps , devenir plus sages, plus vénérables. La voix âpre du marin qui tient le gouvernail au milieu des tempêtes, perdra sa rudesse quand le sifflement des vents s'appaisera.
l'état de la question; et ce mot, l'Angleterre le confirme par sa conduite récente. L'Angleterre prend soin de rappeler que l'Europe avait, comme la France, un secret ennemi qui lui défendait le repos. Qui ne sait que Pierre I. er a contrarié sans cesse et fatigué la Russie j son pays le maudissait, et aujourd'hui Pierre en fait l'orgueil. m Il est certain que l'Empereur n'avait pas assez consulté l'opinion. Quand on ne peut pas la suivre , il faut seulement la rectifier, et non prétendre la diriger; sur-tout il ne faut pas entreprendre de la diriger brusquement et officiellement. Celui-là seul qui, en régnant par la grâce de Dieu > aurait reçu les lumières de l'Esprit-Saint, pourrait annoncer qu'il éclaire l'esprit public.
La sourde résistance de l'opinion devient toujours funeste; si elle ne provoque pas une crise, du moins elle ébranle tous les principes nécessaires à l'ordre public. Mécontente d'une administration plus pesante qu'exacte dans les derniers tems, la France oublia les diverses époques antérieures, et se figura que l'interruption de ses peines serait le commencement de son bonheur; cette idée chimérique lui a coûté des royaumes, et lui a donné en échange un cheval blanc sur le Pont-N euf. Quant à la paix durable, l'Europe en était plus éloignée en 1814 qu'en 1811.
On a dit, il y a dix ans : La révolution est finie ; mais Pa-t-on fait voir ? L'inquiétude des petits esprits qui obsédaient l'Empereur, lui a fait prendre de fausses mesures, et suivre une marche qui aurait été timide, s'il avait été faible lui-même, et qui devint soucieuse et inquiète, parce qu'il n'y avait pas d'accord entre ses volontés et leur adresse, parce que la force de son caractère pesait sur les gouvernans , dont l'esprit subalterne se dédommageait aux dépens des gouvernes.
Ceux qui pensent que Napoléon ? en restant Consul,
eût été plus puissant, ne disent pas une chose déraisonnable. Le système contraire lui a ôté l'avantage d'être visiblement l'homme du 1 g. e siècle; alors il n'a pu opposer à l'esprit des vieux tems, aux maximes dont une grande Puissance se sert contre les autres, sans les adopter pour elle-même, j1 n'a pu opposer aux antiques habitudes, que sa fortune personnelle qui n'excluait pas la possibilité d'un grand revers.
.Cependant, l'Emeereur lui-même n'est pas connu^ et je ne juge ici que d'après des notions peu certaines.
On ne peut dire que par sa conduite il se soit déclaré irrévocablement : on ne l'a pas vu libre à la suite d'une paix générale de quelque durée. Il lui reste encore à manifester une pensée secrète, et à se montrer l'homme exactement juste, comme il s'est montré l'homme fort.
Au milieu du mouvement des esprits en Occident, et après une révolution mémorable , la rectitude doit être le moyen même du génie. De grandes vues d'utilité publique conviennent seules désormais à' une haute ambition. Il n'est pas indispensable de plaire à tous (de qui pourrait-on l'exiger! ); mais d'être ou admiré, ou approuvé de presque tous. Tel serait le Prince du 19. e siècle, celui devant qui toutes les factions se tairaient , devant qui échoueraient les intrigues salariées. Napoléon est plus près qu'aucun autre d'être le grand homme de nos jours. Qu'il le soit donc ! qu'il achève par une heureuse conçeption, ou, si l'on veut,
par une fantaisie sublime, le bel ouvrage de son audace et de sa fortune ! Qu'il se place ainsi a. la tête de la moderne Europe, en opposition à cette Europe
antérieure qui vieillit chaque jour. Tout la vieillit, jusqu'aux efforts tentés pour la conserver ,. pour la reproduire. Toutes les révolutions, et même celle de 1814 , pourvu qu'elles soient rapprochées les unes des autres, préparent des événemens qui auraient paru
chimériques, il y a trente ans , et rendent surannées les vieilles maximes des trônes du moyen âge. Toute expérience nouvelle affaiblit le prestige des anciens mots ; et tandis que les héritiers du 16. e siècle s'agitent , l'homme du Ig.e grandit au-dessus d'eux.
Il n'est pas jusqu'aux injures répétées contre lui, qui n'apprennent aux peuples que les têtes couronnées n'ont rien de divin, et que le potentat redevient homme quand la fortune s'éloigne. Si donc il est un Prince que la fortune n'ait paru quitter que pour faire sentir au commun des esprits combien étaient vaines les promesses des autres monarques ; s'ils paraissent n'avoir été réunis sur le Danube que pour trouver une occasion d'ôter l'un devant l'autre, le masque applaudi par la multitude ; si maintenant tout est connu; si l'on sait qu'un peuple , qui, en comparaison de plusieurs autres , est éclairé dans son ignorance, et magnanime ou aimable jusque dans ses faiblesses, desire voir sous le casque de son héros , non pas les traits de Mars seulement, mais toute la tête de Minerve; si, dis-je, le moment est venu d'arrêter à-la-fois et de consolider les effets de la révolution, de les régulariser et de les maintenir pour jamais : voilà ce qui est réservé à celui que l'Europe ne connaît pas bien encore; voilà une gloire neuve et immense. -— «Lorsqu'il s'est agi de combattre avant tout, j'ai été le guide des Aigles, parce que le vol des Aigles françaises était celui de la victoire. Lorsqu'il s'est agi de réunir contre la puissance maritime les divers chefs de l'Europe, je me suis fait l'un d'eux, et j'ai paru céder aux vieilles coutumes de ces gouvernemens dont l'art consiste dans les précautions, et la grandeur dans la crainte qu'on inspire. Aujourd'hui je ne suis plus entraîné par cesdesseins accidentels, je redeviens ce que m'avaient fait et le sort et mes premières volontés : je suis le protecteur de la
grande société moderne contre 1 esprit de routine et de superstition, contre les systèmes qui ne conviennent plus au temps, et contre les rigueurs qui soutiennent si mal les trônes. »
Je parle ici avec l'indépendance qui appartient aux hommes dont les intentions sont droites; et j'y joins l'entière liberté du moment-, cette liberté que le pas-
sage d'une situation politique à une autre situation, peut laisser à quiconque n'a fait aucune promesse et n'a reçu aucune faveur. Placé , pour ainsi dire , hors des rangs de la société par mes habitudes presque solitaires, je ne dois dans de tels momens au chef de l'Etat qtie cette considération profonde, mais raisonnée, qu'inspirent les hommes supérieurs. Comme Français , je saisis l'instant de dire sans réserve ce que je crois être la vérité. Si, à plusieurs égards, on y trouve une sorte d'apologie de l'homme puissant, on ne me la reprochera pas : qu'on daigne se souvenir que je n'ai point parlé de lui lorsqu'il régnait ; mais que j'ai dit, il y a huit mois et cinq mois, tout ce que j'ai cru pou'" voir dire. N'ayapt appartenu en aucun temps à aucun parti, je ne puis avoir d'autre premier désir que de voir les Français écouter le chef que la nature des choses nous présente comme le seul homme qui, au point où l'on est parvenu , puisse à-la-fois calmer et soutenir l'état.
Dans cette heure où rien n'empêche de dire sa pensée, je le conjure d'écouter et la patrie, et l'esprit du temps, et les vrais intérêts de sa gloire colossale : je le conjure de s'arrêter a ces idées simplea, mais frappantes, que toute puissance humaine vient des hommes et non d'un homme; que la France qui pourrait hésiter
devant le héros, n a rien a opposer contre le véritable génie; et qu'enfin, quelle que soit dans l'Europe, la corruption des grands et des faibles, l'autorité de la
raison constamment - -ret la seule qui puisse terY& LI 1 miner les troubles^Meur^eX
SE TROUVE CHEZ M. LAURENT-BEAUPRÉ, Libraire , Galerie de bois, n.o 218 , et chez les marchands de nouveautés.
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Senancour, Étienne de (1770-1846). Auteur du texte
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De Napoléon, publié par M. de Senancour
| 99.29 |
1815
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domaine public -- public domain
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2021
| 246.5 |
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bpt6k6366090v
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recevoir, à Paris, chez lui, après sa journée, quelques jeunes compatriotes; je dis après sa journée, car il était pauvre et travaillait pour gagner son pain de chaque jour. En parlant de la terre natale avec ceux qui en arrivaient, il se consolait de vivre forcément loin d'elle, comme Brizeux l'a si bien dit.
Le plus assidu auprès de lui était le poète des Bretons; il aimait à lui lire ses vers dans leur langue, et n'en faisait pas un sans le lui soumettre : Telen Ârcor lui doit plus d'une correction heureuse.
A son tour, Brizeux aida le vieux maître mourant à revoir les épreuves de la seconde édition de la Grammaire bretonne, et j'en vois encore les feuillets épars sur le pauvre grabat d'où l'auteur, tout heureux d'avoir donné à l'imprimeur son dernier bon à tirer, vit se lever l'aurore de la renaissance dont nous sommes témoins.
Un des nôtres, qui contribua beaucoup à cette renaissance par de brillantes études dans la Revue des Deux Mondes, Emile Souvestre, venait aussi parfois consulter M. Le Gonidec sur le sens de quelques poésies qu'on lui envoyait de Bretagne pour ses articles. L'abbé Sionnet lui apportait le manuscrit de Sainte Nonne, le plus ancien texte breton, dont le vénérable docteur de Kergaradec avait com-
* -NOCVKAC DICTIOV«AIIE PRATIQUE FLUCÇUS ET JIETb, du dialecte de Léon, atec les acceptions diverses dans les dialectes de rsftllU. de Trégitier et de CornouaUle, 1 vol.
in-8* de 940 el nn pages, Brest. J.-B. el A. leroornier, édilenrs. 1869. «Pris: - 6 fr.)
mencé, mais renoncé à traduire tous les vers, disant, comme le fils aîné du vieillard de la fable : « Je les donne au plus fort. »
Un autre ecclésiastique, l'abbé Le Joubioux, lui montrait de belles poésies de sa façon, comme pièces justificatives de son intéressant dialecte de Vannes. Deux frères diversement distingués, mais également armés d'esprit, l'un déjà préoccupé de ce grand dictionnaire héraldique de Bretagne, où l'on trouve les noms de famille du pays si fidèlement et si heureusement traduits1 ; l'autre qui peignait du Breton ce portrait, vrai chef-d'œuvre qu'on n'a point surpassé, MM. Pol et Alfred de Courcy, n'étaient pas les moins exacts à rendre leurs devoirs à notre cher doyen.
Moi-même, le désir de m'instruire me conduisait fréquemment vers lui. 11 voulait bien prendre la peine de me donner des leçons d'une langue que je parlais alors sans règle, et s'intéressait vivement aux textes populaires dont j'allais commencer l'impression : ce qu'il y avait d'incorrect dans l'orthographe, les mots ou les phrases, il le redressait; il m'expliquait les expressions obscures, et m'aida plus d'une fois à retrouver le fil à travers le dédale de versions souvent embrouillées. J'ai dit dans la première édition du Barzaz-Breiz quelle reconnaissance je lui dois ; trente ans n'ont pu la refroidir.
Aux jeunes disciples du vieux maître se joignaient des correspondants : parmi ceux-ci, il y en avait un qu'il citait comme son meilleur élève; les lettres qu'il recevait de lui l'étonnaient par leur sagacité ; les observations grammaticales dont elles étaient remplies le frappaient singulièrement, et il ne nous les montrait pas sans un certain orgueil paternel et patriotique.
Cet élève de M. Le Gonidec était un jeune capitaine au 1er Léger, sorti de l'École Polytechnique, dont j'entendais le nom pour la première fois; c'était M. Troude.
Quand, après la mort de M. Le Gonidec, ses disciples, sous le patronage de Mgr Graverand et la direction de l'abbé Henry, fondèrent la revue des Lizeriou Breuriez ar Feiz, ils ne manquèrent
1 Nobiliaire et Armoriai de Bretagne, 3 vol. jn-4'. Nantes, Vincent Forest et Emile Grimaud, 1862.
pas de faire appel au capitaine bretonnant. Malgré son éloignement de la Bretagne, malgré les rudes campagnes d'Afrique auxquelles il prenait part, en compagnie de nos glorieux compatriotes, Lamoricière, Bedeau et Leflô, il se hâta de répondre au vœu qu'on lui exprimait, et des lettres bretonnes, parfois datées de nos champs de victoire, parfois écrites à la lueur des feux du bivouac, vinrent étonner et charmer le comité de rédaction.
Ainsi, le capitaine Salysbury, mouillé dans les mers de l'Inde, envoyait du pays des Védas au pays des bardes les psaumes traduits en vers gallois; ainsi le bon abbé Dumoulin, curé de Crozon, exilé en Bohême, adressait à ses compatriotes une grammaire latine et bretonne qu'il avait composée pour leur utilité et sa propre consolation.
En emportant avec lui au delà des mers la langue de la patrie, le capitaine Troude n'avait fait, on le voit, que suivre nos bonnes traditions. Si le curé de Crozon écrivit sa grammaire en Bohême, M. Troude entreprit en Afrique son dictionnaire français et breton.
Ce livre eut-il le sort du manuscrit à'Atala? Fut-il aussi traversé par les balles?, Je l'ignore. Ce que je sais, c'est qu'il arriva sain et sauf à Brest, et qu'il est notre premier dictionnaire français-breton, méthodique et correct. Ceux du P. Maunoir, de Grégoire de Rostrenen, et de l'Armerye, très-utiles à consulter, laissaient beaucoup à désirer; croirait-on, par exemple, qu'aucun d'eux n'indiquait le genre des mots! Le but de M. Troude était de donner un pendant que tout le monde demandait au dictionnaire breton-français de M. Le Gonidec, le seul mis au jour alors, et.de faire prendre patience au public jusqu'à ce qu'un éditeur généreux et patriote voulût bien se charger d'imprimer l'autre dictionnaire du même auteur, laissé en manuscrit.
Ayant atteint son but, et en attendant une nouvelle édition de son livre, M. Troude ne demeura pas inactif : le charmant opuscule intitulé Mignon ar vugale, les Divizou gallek ha brezonek, entrepris avec la collaboration de M. Gabriel Milin, sa traduction de l'Imitation de Jésus-Christ, où je le trouve encore uni au même collaborateur, son édition de la Bible bretonne de M. Le Gonidec,
ouvrage énorme, dont il a revu le texte et corrigé les épreuves, toujours aidé de l'infatigable compagnon que je viens de nommer; tous ces travaux témoignent d'une activité, d'un zèle, d'une modestie, mais surtout d'un désintéressement au-dessus d'un éloge banal. -
Le duc d'Isly, son général, avait pour devise : Ense et aratro; notre compatriote La Tour-d" Auvergne a reçu de Brizeux celle-ci, que le colonel Troude pourrait adopter :
Kleze dir er brezel , Levrik aour em c'hastel.
(i Au combat, glaive d'acier, Livre d'or à mon foyer. »
Avec quel honneur il a manié l'un, je n'ai pas à le dire, ses états de services répondent; j'ai à montrer avec quel soin il a écrit l'autre.
Ce qu'il a gagné comme prix du sang, il le mérite comme prix du savoir. Mais celte sorte de décoration, on ne l'obtient le plus souvent que de la conscience et de l'opinion : Berryer n'en a point voulu d'autre, et cependant quelle étoile a manqué à ses funérailles? Il suffit de même à M. Troude d'avoir bien mérité de son pays ; la reconnaissance des Bretons capables d'apprécier le dévouement à la science et à la cause nationale, est pour lui la vraie récompense.
Le nom qu'il aime à porter, comme une fleur à la boutonnière, est celui du joli petit livre que je citais tout à l'heure, Mignon ar vugale, « l'Ami des enfants, » et sa gracieuse Botanique de Marie et de Gabrielle n'est pas faite pour le lui ôter.
- Son général, qui unissait la charrue à l'épée, n'aimait pas moins les plantes et les petits enfants.
Mais il est temps de parler de l'édition, complétement refondue, que le colonel vient de publier de son ouvrage capital.
- Je lis en tête cette épigraphe, tirée de nos proverbes nationaux :
Ar brezonek hag ar feiz A zo breur ha c'hoar e Breiz.
« Le breton et la Foi sont frère et sœur en Bretagne. »
Un tel. signe de croix, dès le début, est d'un cœur vaillant; il me plaît et il plaira ; il honore celui qui le fait sans bigoterie, dans la plénitude de sa conviction et de sa liberté.
Avec la cause que sert le colonel, et le but auquel il marche, j'approuve le système qu'il suit. Le titre de son dictionnaire l'indique suffisamment. Ce n'est pas une édition corrigée du précédent, c'est un nouvel 'ouvrage, et trois fois plus considérable; ce n'est plus un livre rédigé au seul point de vue scientifique, pour faire suite au dictionnaire breton et français de M. Le Gonidec, c'est un travail pratique, dans toute la force du terme; c'est un véritable trésor de la langue bretonne usuelle; tous les mots, tous les exemples sont tirés des meilleurs écrits, soit en vers, soit en prose, de notre époque; la plupart des écrivains contemporains ont contribué à l'enrichir; leurs noms y sont inscrits avec leur contribution personnelle ; chacun peut dire : Hœc mea sunt, et le peuple bretonbretonnant, dans sa grande généralité, le dira lui-même en,y reconnaissant son bien et sa monnaie courante.
Le dialecte de Léon est cependant celui que le colonel a adopté de préférence : a Quand on veut embrasser toute une province, dit excellemment M. de Wailly, ne risque-t-on pas de réunir des éléments disparates pour en former un composé artificiel, et ne vaut-il pas mieux borner le champ de ses observations, en s'attachant à un dialecte particulier, tel qu'on peut l'observer dans l'unité du temps et du lieu où il s'est manifesté ? »
Non pas que le dictionnaire de M. Troude ne puisse servir que pour écrire ou parler l'idiome du Léon ; il ne remplirait pas son but d'utilité générale; afin de l'atteindre, l'auteur a donné les différentes formes dialectiques des mots; et ceux de Vannes, jusqu'ici réduits au dictionnaire français et breton de l'Armerye, se trouvent cités à leur avantage, et au profit des Morbihanais comme de tous les philologues.
A propos de nos dialectes, le colonel Troude est le premier qui ait indiqué d'une manière exacte la délimitation de chacun d'eux : elle lui a été fournie par une carte manuscrite de M. Hamonnic,
1 Mémoire sur la langue de Joinville.
employé des postes à Brest. On y verra que le dialecte léonnais va de l'anse de Lauberlac'h par Brest, Lannilis et Plouescat, en suivant la côte, jusqu'à Morlaix; puis, de Morlaix, en venant vers le sud, jusqu'au Cloître ; et du Cloître, à l'ouest, jusqu'à Daoulas, qui reste en dehors de cette ligne. Le pont de Landerneau en serait la limite, si l'on en croit le proverbe :
Pa vezit war bont Landerne, N'oc'h nag e Leon nag e Kerne.
« Quand vous êtes sur le pont de Landerneau, vous n'êtes ni en Léon ni en Cornouaille. P
Le dialecte trégorrois s'étend, à l'ouest, depuis Morlaix jusqu'au Cloître ; au sud, du Cloître à Saint-Gueltas ; à l'est, de Saint-Gueltas jusqu'à la côte, entre Plouha et Pontrieux; au nord, le long de la côte, par Paimpol et Lannion jusqu'à la rade de Morlaix.
Le dialecte de Cornouaille, à l'ouest et au sud, va de Daoulas à Quimperlé, en suivant la côte ; au sud-est, de Quimperlé à Loudéac, en allant vers le nord-est ; et passant par Arzanô, à l'est, de Loudéac à Saint-Gueltas, en traversant Corlay.
Enfin, le dialecte vannelais suit la côte, au sud, de Quimperlé à Muzillac; à l'est, il va de Muzillac à Loudéac, en passant par Elven et Logonec'h ; et au nord, de Loudéac à Quimperlé.
Indépendamment de ces quatre dialectes principaux de la langue bretonne, il en existe un cinquième, dont le colonel ne parle pas, et qu'il serait bien intéressant d'étudier sur le petit espace où il existe encore; c'est l'idiome du bourg de Batz et de quelques villages du pays de Guérande. Étant au collége à Nantes, je pouvais converser avec ceux de mes camarades venus de ce pays-là, et ils ne trouvaient pas une très-grande différence entre mon dialecte cornouaillais et le leur : de mon côté, j'entendais assez bien leurs chansons.
A la géographie des dialectes armoricains, le colonel a joint: 1° une notice sur la prononciation et l'orthographe des mots; 2° un supplément à la grammaire de Le Gonidec, où il indique des règles omises par cet excellent grammairien; 3° quelques remarques sur des idiotismes qu'il croit particuliers au breton; 4° divers tableaux
des noms de pays, de rivières et villes principales, des noms de baptême, des termes bretons francisés en Bretagne et dans quelques provinces de France; enfin, des expressions, ou, pour mieux dire, quelques expressions communes à la langue bretonne et à d'autres langues, - Cftr il y en a bien davantage, et, au lieu d'un petit tableau, il faudrait un volume.
Comme on le voit, l'auteur a tâché de suppléer, dans ses prolégomènes, à ce que la nature de son dictionnaire ne comportait pas.
Celui-ci me paraît bien justifier la définition donnée par M. Littré d'un bon recueil du genre : c'est un enregistrement très-étendu d'observations positives et d'expériences disposées pour éclairer l'usage et la grammaire.
En ne sortant pas du présent, en ne donnant que les mots de la langue usuelle et de la vie pratique, contrôlés par sa propre expérience, le colonel Troude ne s'est pas interdit, à l'occasion, quand le présent pouvait recevoir quelques lumières du passé, de faire certains rapprochements entre les formes bretonnes actuelles et les formes du moyen âge. Mais d'étymologies, poinÇetje l'en loue trèsfort. Qui de nous n'a pas à regretter d'en avoir fait, avant que les règles sévères de cette science délicate fussent bien établies?
De quel poids pèsent encore sur l'opinion les railleries qu'ont-fait pleuvoir les imaginations des Bullet, des Le Brigand, et même de outre La Tour-d'Auvergne, qui, pour être le premier grenadier de France, n'en était pas le premier étymologiste! Je ne puis oublier le sourire dédaigneux et moqueur que provoquaient dans ma jeuaesse les prétentions étymologiques de nos vieux celtomanes. Elles n'étaient pourtant pas plus ridicules que celles des hellénistes et des latinistes d'autrefois. Pour mettre fin aux imaginations et aux conjectures, pour introduire la règle, la méthode et l'expérience dans les recherches de la science philologique, pour en bannir l'arbitraire, il fallait le génie et l'autorité des Bopp;, des Grimm et des Zeuss. Aujourd'hui, aucune étymologie, non évidente par ellemême, n'est admise comme incontestable, si elle ne réunit cer-
taines conditions qu'ils ont ce^naes^cessaires ; si les racines, ,~ ~, 1 e, 1 1 le sens et la forme des a^Xûè^&icéc^^t pas; si les règles de ~~v - -
permutation n'y sont pas observées; si leur origine et leur filiation historique ne sont pas bien établies; s'ils se refusent à subir l'épreuve de la comparaison entre les diverses branches de l'idiome générique. Voilà, dira-t-on, une méthode bien rigoureuse; voilà un instrument bien difficile à manier. Tant mieux! les maladroits ou les ignorants ne-s'en serviront plus : Indocti discant et ament meminisse periti !
D'ailleurs les periti, les habiles, sont devenus prudents : l'exemple de D. Le Pelletier leur a profité : quand on aura sous la main un assez grand nombre de textes anciens, on pourra songer au dictionnaire étymologique de nos idiomes t. Alors aussi on pourra faire le dictionnaire historique du breton, donner après chaque expression' moderne les différentes formes qu'elle a subies en traversant les différentes époques, illustrer chacune d'exemples rangés par ordre chronologique, en un mot, imiter le travail commencé par l'Académie française, et magistralement achevé par M. Littré.
En attendant celte œuvre digne de tenter quelque élève deZeusSj le savant M. W. Stokes, par exemple, et sur laquelle j'appelle l'attention, soit de M. J. Le Coz, soit de notre historien, M. Morin, qui vient de publier une si bonne petite traduction abrégée de la Grammatica celtica, continuons les monographies pratiques comme celle du colonel Troude. Elle joint parfois aux qualités d'un dictionnaire des plus commodes, parce qu'il met à la disposition du lecteur une abondante moisson de phrases, les avantages d'une grammaire. Je recommande principalement les remarques qu'il fait sur l'orthographe de certains mots (p. 846) ; le changement des consonnes muables (pp. 602, 603, 604, 605, 617 et 693); les difficultés et irrégularités verbales (pp. 82, 364, 587,
1 « Dans leur état actuel, » remarque M. Littré qui leur est très-sympathique, une circonstance gêne l'usage qu'on en peut faire pour l'étymologie. Les langues néo-celtiques sont infestées de mots latins et, sur le continent, de mots français, si bien que souvent, en trouvant un mot qui est dans les langues romanes, on ne sait si elles ont prêté ou emprunté.. (Les Barbares et le moyen âge, p. 354. Étude sur mon Grand mystère de Jesus.)
008t 909); les vraies constructions grammaticales (p. 729) ; les tournures les plus conformes au génie de la langue (pp. 506 et 507) ; les élégances à rechercher (p. 587); les défauts à éviter (p. 738); les modèles à suivre (pp.-843 et 912). Ces remarques prouvent qu'il a porté la méthode expérimentale très avant dans l'étude du breton moderne. En suivant les conseils dont il a semé son dictionnaire, on ne peut manquer de bien écrire ; je lis à l'article STYLE (p. 843) une page que je veux transcrire : elle est d'un observateur consommé. « Toutes les langues , dit le colonel, ont deux langages : le langage écrit et le langage parlé, usuel et vulgaire. Dans toutes les langues aussi on passe à ce dernier une foule de licences qu'il &ut absolument proscrire dans le style écrit, quand il est grave et relevé. Pour se convaincre de cette vérité, il suffit à tout homme instruit de comparer ses paroles dans la conversation à ses paroles dans un écrit. En Afrique, les indigènes lettrés n'emploient pas, même entre eux, pour parler, l'arabe littéral dont ils se servent exclusivement pour écrire. Les indigènes lettrés ne seraient pas compris des indigènes illettrés, s'ils employaient pour parler l'arabe littéral. Les indigènes lettrés et illettrés emploient les mêmes mots dans la conversation.
y Quoi qu'il en soit, certains Bretons-bretonnants, comme on dit, ne veulent pas admettre cela et font figurer dans leurs écrits le même abandon que dans la conversation. Pour eux, le style écrit eL sévère doit être traité comme le style des conversations journalières, comme le style familier en un mot.
» Quant à nous, nous croyons que si de telles prétentions se produisent, c'est par la raison que ces Bretons ne se sont jamais occupés de la langue, au point de vue de la correction, au point de- vue du style écrit. On a entendu parler ainsi dans son enfance, et l'on fronce le sourcil quand on entend dire autrement. C'est l'ouvrier français illettré qui trouve étonnant que ses pratiques ne lui disent pas : Vous via don de r'tour? On leur-z-a dit de v'nir. Via e qiey a dpis, etc. Ajoutons, pour l'honneur de la langue bretonne que jamais les gens, même les plus illettrés en Bretagne, ne donnent dans leurs conversations des exemple3 d'un dévergondage
de langage semblable à celui qui règne dans les trois phrases françaises qui précèdent.
» Le langage doit être épuré, continue l'auteur, soit que l'on écrive en prose, soit que l'on écrive en vers. Dans ce dernier cas, il faut être très-économe de licences poétiques, sous peine de passer, à juste titre, pour pauvre ou peu consciencieux. Le BARZAz-BREIZ devrait être pris pour modèle" des poésies bretonnes ; là, on ne trouve qu'un style épuré, et pourtant vif et concis ; là aussi on ne trouve jamais de ces phrases traînantes et redondantes qui lassent si vite le lecteur. Les poésies légères elles-mêmes y sont traitées avec beaucoup d'égards pour la correction du langage. »
« Quant à la prose, ajoute le colonel, nous possédons des ouvrages inédits, où transpire à chaque ligne l'imagination du poète et le génie de la langue bretonne. » Ce sont des contes traditionnels aussi remarquables de concision, de vivacité et d'originalité, que nos chants populaires choisis. M. Troude engage les écrivains à les méditer avec soin, comme faisant battre les cœurs bretons. Il en cite même un entier (p. 912), excellent de fond et de forme, vrai modèle du genre , extrait d'un recueil manuscrit dont la publication est bien à désirer; pourquoi ne l'a-l-il pas traduit? Un plus grand nombre de personnes y auraient pris le plaisir que je viens d'y prendre et que j'y trouvais dans mon enfance, en l'entendant de la bouche d'un vieux conteur qui était la joie de mon foyer.
Le colonel donne, au sujet du style en général, un dernier conseil à ceux pour qui il a écrit dans son dictionnaire. En y cherchant certaines expressions, on a le regret de ne pas les y trouver ; telle-idée n'ayant pas ou n'ayant plus cours en Bretagne est inexprimable à l'aide des ressources qu'il offre : il est loin de contenir, pour la nomenclature, tous les mots des langues modernes. Que faire quand il faut en rendre quelques-uns? Habiller à la bretonne le terme néo-latin, ou même emprunter purement et simplement au français? Hélas ! c'est ce qu'on a fait trop longtemps. M. Charles de Gaulle, qui, sans avoir jamais mis le pied en Bretagne, est par- venu à écrire dans notre langue mieux que bien des Bretons, a proposé soit de restaurer d'anciens mots, tombés en désuétude et
qu'on expliquerait; soit d'en créer de nouveaux à l'aide des radicaux bretons en usage ; soit même de recourir aux dialectes gallois ou comiques, lorsque leur richesse peut venir fraternellement en aide à notre pauvreté : le succès de certains néologismes serait assez encourageant. Toutefois, le colonel Troude, plus sévère en ce point que M. Littré, qui n'a pas cru devoir exclure tous les néologismes de son Dictionnaire de la langue française, n'en a admis aucun, dans la crainte sans doute de n'être pas généralement entendu, et de ne pas assez justifier le titre de pratique qu'il a donné à son ouvrage. Il conseille d'employer parfois les équivalents et la périphrase, « pour ne pas charger le breton de mots étrangers à la langue. ) (P. 15.) - La périphrase, en effet, lorsqu'elle sort tout armée d'un cerveau breton, avec la figure, l'éclat et l'éclair naturel, a une puissance incomparable, dont les termes abstraits sont trop souvent pri• vés ; ajoutons que ces termes et les idées du même genre sont antipathiques au génie breton, et, la plupart du temps, littéralement intraduisibles : le colonel Troude a raison de le dire et d'insister là-dessus.
En me rangeant, dans la mesure convenable, à un avis aussi prudent, je voudrais qu'on n'en continuât pas moins de creuser de plus en plus, et en tout sens, le sol armoricain, qu'on en tirât tout l'or jusqu'à la plus petite parcelle, qu'aucun point de notre idiome ne restât sans être exploré.
Les trouvailles vraiment sont parfois de nature à payer tous les efforts : il n'est personne qui n'en ait fait; nos médecins en font » tous les jours; j'en aurais appelé, dans ma jeunesse, au docteur Laënne.c et au docteur Guizouarn ; j'en appelle au docteur Halléguen; à nos ecclésiastiques surtout; demandez-le plutôt à l'abbé Roudot et à l'abbé Étienne; demandez-le à l'abbé Henry : leur ministère les sert heureusement.
Un prêtre du Cap, auprès duquel une vieille amitié me conduisit l'année dernière, M. Hingant, recteur de Plogoff, m'en a donné lui-même la preuve. « Mes paroissiens, me disait-il, ont conservé certaines expressions qu'on ne rencontre plus ailleurs ; j'en ai noté
d'intéressantes en ce qu'elles peuvent traduire des mots français dont on ne trouve pas les correspondants dans nos dictionnaires bretons les plus complets. Comment, par exemple, rendriez-vous le verbe répondre, dans le sens de répliquer à un supérieur, peu respectueusement, comme un fils à son père? »
J'avouai mon impuissance; aurais-je déjà connu la manière dont le colonel Troude fait éviter la difficulté, qu'elle ne m'eût pas satisfait : il emploie la périphrase Komz dichek (p. 606), (parler avec arrogance), trop forte, à mon avis, et qu'il traduit, du reste, trop faiblement par murmurer, en citant comme exemple : « Il murmure contre son père; Komz dichek a ra oc'h he dad. »
« Hé bien, poursuivit l'abbé Hingant, une personne de ma paroisse m'a appris le vrai mot breton pour rendre le verbe répondre dans le sens que je vous disais : s'accusant à moi d'un certain manque de respect envers son père, elle s'exprima ainsi: EILGERIET erti euz oe' h va zad (j'ai répondu à mon père).
» En décomposant eilgeriet, je n'eus pas de peine à y découvrir l'adjectif eil second, et le participe passé geriet, de l'ancien verbe inconnu geria, parler, dont le radical ger, parole, existe seul aujourd'hui ; et je vis que la faute accusée par mon pénitent, avec un profond regret, comme très-grave, consistait à avoir, non pas mal parlé à son père, ni même eu avec lui le dernier mot, comme nous dirions en français, mais seulement le second, eil; et j'admirai encore plus sincèrement le bon peuple dont le cœur a prêté à sa langue une expression aussi délicate. »
Que de locutions non moins exquises et d'une nuance non moins fine nos prêtres pourraient recueillir, surtout de la bouche des femmes et des enfants !
Le dernier Congrès celtique international a émis le vœu qu'un appel, en ce sens, fût fait partout au clergé, et l'Evêque de SaintBrieuc a bien voulu me promettre, séance tenante, d'y répondre.
J'ose appeler sur le même sujet l'attention de Mgr l'Evêque de Quimper, qui a doté notre pays du premier journal breton, et celle de l'Evêque de Vannes, notre compatriote. Grâce à leur haute coopération, nous pourrions avoir, quelque jour, un répertoire complet des mots de tous nos dialectes.
Le colonel Troude se joindra certainement à moi pour la leur demander ; il est loin de regarder son dictionnaire comme achevé ; n'a-t-il pas écrit en tête : « Un dictionnaire n'est jamais fini : avis aux travailleurs 1 » Puissent ceux-ci l'entendre ! Puissent-ils se répandre, chacun dans l'enceinte de son dialecte, pour faire leur provision de miel et l'apporter aux quatre ruches préparées au soleil levant de la science celtique !
Que de fleurs ont passé qu'on n'a pas su cueillir !
disait Brizeux, avec tristesse ; Sur sa tige oubliée, ah ! ne laissons mourir Aucune des fleurs de ce monde !
Il reste encore beaucoup à butiner : sans parler des Bleuniou Breiz, le jardin du docteur Bijon, de Boue ha mem bro, la couronne de Mgr Le Joubioux, des Burzudo, ce petit coin de terre si souriant de l'abbé Cabec (Ille mihi angulus ridet) ; il faudra dépouiller ce qui vient d'éclore, le FURNEZ AR GEIZ EUZ A VREIZ (la sagesse des pauvres gens de Bretagne), glanes précieuses de bons sentiments, de belles pensées, de maximes salutaires, liées d'hier par M. Gabriel Milin, avec l'élégance du Léonnais, la rondeur du Cornouaillais et la pointe du Trégorrois.1 On aura aussi plus d'une goutte de miel à dérober aux belles guirlandes dont les mains pieuses et habiles de MM. Auguste Dubourg, Le Floc'h, J.-M. Le Jean, Le Mat, J.-P.-M. Le Scour, Le Tourneur, ont paré dernièrement le tombeau de Mgr Le Mintier Les abeilles bretonnes se garderont d'oublier le champ d'Abervrac'h, où l'abbé Goulven Morvan a fait naître une si riche moisson de fleurs de la couleur du sang qu'on y vit couler, mais qui n'en ont pas moins de grâce et' de parfum s.
1 E Brest, e ti Lefournier, 1 vol. in-18. 1869.
2 Translation des restes de M" Le Mintier. (Tréguier, A. Le Flem, 18G8.)
3 A-rgad Abervrac'h. (Kemper, ti de Kerangal, 1868.)
Mais quelle picorée plantureuse à opérer dans les prochaines Heuriou latin ha brezonek de M. Le Jean, dans la troisième édition de Y Histor Breiz, dans l'inappréciable collection de Feiz ha Breiz, dans les premières années des Lizeriou Breuriez arFeiz, dans les Keloio du même genre, du pays de Tréguier, dans le Brediah er fe de Vannes, et dans bien d'autres textes vulgaires en voie de publication !
Vienne pour employer tant de richesses, parmi lesquelles je n'ai garde d'omettre la collection de M. de Penguern vienne un nouvel essaim d'intelligences laborieuses, vienne un troisième, un quatrième, l'essaim rare, l'essaim d'argent, Yarc'hant hed, comme nous l'appelons !
Mais nous n'en sommes encore qu'au premier, et le chaume de la ruche est loin d'être noirci.
Suivons donc l'avis de Sévère, qui est aussi le vôtre, mon colo-
nel : Laboremus 1 Au travail
H. DE LA VILLEMARQUÉ, de l'Institut.
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La Villemarqué, Théodore Hersart (1815-1895 ; vicomte de). Auteur du texte
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Le colonel Troude / [signé H. de La Villemarqué]
| 99.96 |
1869
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Troude
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domaine public -- public domain
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2021
| 238.4 |
bpt6k6278901m
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Du 7 Nivôse, an VIII de la République une et indivisible.
UNE guerre intpie menacé d'embraser une seconda fois les départemens de l'Ouest. Le devoir des premiers magistrats de la République est d'en arrêter les progrès et de l'éteindre dans son foyer; mais ils ne veulent déployer la force qu'après avoir épuisé les voies de la persuasion et de la justice.
Les artisans de ces troubles sont des partisans insensés de deux hommes qui n'ont su honorer ni leur rang par des vertus, ni leur malheur par des exploits ; méprisés de l'étranger, dont ils ont armé la haine, sans avoir pu lui inspirer d'intérêt.
Ce sont encore des traîtres vendus à l'Anglais, et instrumens de ses fureurs, ou des brigands qui ne cherchent dans les discordes civiles que l'aliment et l'impunité de leurs forfaits.
A de tels hommes le Gouvernement ne doit ni ménagement, ni déclaration de ses principes.
Mais il est des citoyens chers à la patrie, qui ont été séduits par leurs artifices : c'est à ces citoyens que sont dues les lumières et la vérité.
Des lois injustes ont été promulguées et exécutées; des actes arbitraires ont alarmé la sécurité des citoyens et la liberté des consciences; par-tout des inscriptions
hasardées sur des listes d'émigrés ont frappé des citoyens qui n'avaient jamais abandonné ni leur patrie, ni même leurs foyers ; enfin de grands principes d'ordre social ont été violés.
C'est pour réparer ces injustices et ces erreurs, qu'un gouvernement fondé sur les bases sacrées de la liberté, de l'égalité, du système représentatif, a été proclamé et reconnu par la Nation. La volonté constante, comme l'intérêt et la gloire des premiers magistrats qu'elle s'est donnés, sera de fermer toutes les plaies de la France ; et déjà cette volonté est garantie par tous les actes qui sont éniançs d'eux.
Ainsi la loi désastreuse de l'emprunt forcé, la loi, plus désastreuse , des otages , ont été révoquées ; des individus déportés sans jugement préalable, sont rend us à leur patrie et à leurs familles. Chaque jour est et sera marqué par des actes de justice , et le conseil d'état travaille sans relâche à préparer la réformation des mauvaises lois, et une combinaison plus heureuse des contributions publiques.
Les Consuls déclarent ejicçtfe que la liberté des cultes est garantie par la Constitution ; qu'aucun magistrat ne peut y porter atteinte r; qu'aucun homme ne peut dire à un autre homme : Iu exerceras un tel culte ; tu ne l'exerceras qu'un tel jour.
La loi du i i prairial an. III, qui Iaisse-aux citoyens l'usage des édifices destinés au culte retjgieux, sera exécutée. 1
• Tous les départemens doivent être: également soumis à l'empire des lois générâtes - mais les premiers magistrats accorderont toujours , et des soins et un intérêt plus marqué, à l'agriculture, aux fabriques et au commerce , dans ceux qui ont éprouvé de plus grandes calamités.
Le Gouvernement pardonnera ; il fera grâce au repentir : l'indulgence sera entière et absolue ; mais il
frappera quiconque, après cette déclaration, oserait encore résister à la souveraineté nationale.
Français, habitans. des départemens de l'O uest , ralliez-vous autour d'une Constitution qui donne aux magistrats qu'elle a créés la force, cotriine le devoir de protéger les citoyens , qui les garantit également, et de l'instabilité et de l'intempérance des lois.
Que ceux qui veulent la gloire de la France, se séparent des hommes qui persisteraient à vouloir les égarer pour les livrer au fer de la tyrannie, ou a la domI"nation de létranger. «
Que les bons habitans des campagnes rentrent dans leurs foyers et reprennent leurs utiles travaux ; qu'ils se défendent des insinuations de ceux qui voudraient les ramener à la servitude féodale.
Si, malgré toutes les mesures que vient de prendre le Gouvernement, il était encore des hommes qui osassent provoquer la guerre civile , il ne resterait aux premiers magistrats qu'un devoir triste , mais nécessaire à remplir , celui de les subjuguer par la force.
Mais non : tous ne connaîtront plus qu'un sentiment l'amour de la patrie. Les ministres d'un Dieu de paix seront les premiers moteurs de fa réconciliation et de la concorde ; qu'ils parlent aux cœurs le langage qu'ils apprirent à l'école de leur maître ; qu'ils aillent dans ces temples qui se rouvrent pour eux , offrir, avec leurs concitoyens , le sacrifice qui expiera les crimes de la guerre et le sang qu'elle a fait verser.
Le premier Consul, signé BONAPARTE. Par le premier ConsuT, le secrétaire d'état, signé HUGUES B. MARET. Le ministre de la. justice , signé ABRIAL.
JEXTRAIT des registres des délibérations du Conseil d'état, Du + Nivôse.
LE CONSEIL D'ÉTAT , délibérant sur le renvoi qui lui avait été fait par les Consuls de la République, d'un arrêté de la section de la législation , présentant la question de savoir si les lois des 3 brumaire an III, 19 fructidor an V , et 9 frimaire an VI , qui excluent de la participation aux droits politiques et de l'admissibilité aux fonctions jpubliques, les parens d'émigrés et les ci-devant nobles, ont cessé d'exister par le fait de la Constitution, ou s'il faut une loi pour les ra pporter; Est d'avis que les lois dont il s'agit, et toute autre loi dont le texte serait inconciliable avec celyi de la Constitution, ont été abrogées par le fait seul de la promulgation de cette Constitution, et qu'il est inutile de s'adresser au législateur pour lui demander cette abrogation.
En effet, c'est un principe éternel, qu'une loi nouvelle fait cesser toute loi précédente, ou toute disposition de loi précédente contraire à son texte; principe applicable, à plus forte raison, à la Constitution, qui est la loi fondamentale de l'Etat.
Or, les conditions qui déterminent le droit de voter et celui d'être élu aux diversés fonctions publiques, sont réglées par, l'acte constitutionnel. 11 n'est pas permis au législateur d'en retrancher quelques-unes, ni d'en ajouter de nouvelles : son texte est général, iinpé, rieux, excl usif.
Donc toute loi ancienne qui en contrarierait l'application, a cessé d'exister, du moment où l'acte constj-i tutionnel a été promulgué.
Ainsi, le Gouvernement a le droit d'appeler aux fonctions publiques ceux des ci-devant nobles ou parens d'émigrés qu'il jugera dignes de sa confiance il n'a pas besoin pour cela du çoasçntemçm <Ju législateur ;
le peuple , en acceptant la Constitution, lui en a donné le droit absolu.
Les lois dont il s'agit n'étaient d'ailleurs que des lois de circonstance , motivées sur le malheur des temps et la faiblesse du Gouvernement d'alors. Aujourd'hui ces motifs ne peuvent plus être allégués. Le Gouvernement créé par la Constitution de l'an VIII , a toute la, force nécessaire pour être juste, et maintenir dans toute leur pureté les principes de l'égalité et de la liberté. La seule distinction qui puisse diriger ses choix , est celle de la probité, des talens et du patriotisme.
Pour extrait : le secrétaire - général du conseil d'état, signé LOCRÉ. Par les Consuls , le secretaire d'état, HUGUES B. MARET, Le ministre de la justice, signé ABR1AL.
ARRÊTÉ des Consuls de la République.
Du 7 Nivôse , an VIII de la République.
LES CONSULS DE LA RÉPUBLIQUE, vu l'avis motivé du Conseil d'état, ARRÊTENT ce qui suit: Les citoyens des communes qui étaient en possession, au premier jour de l'an Il , d'édifices originairement destinés à l'exercice d'un culte, continueront à en user librement sous la surveillance des autorités constituées , et aux termes des lois des i i prairial an III , et 7 vendémiaire an IV , pourvu , et non autrement, que fesdits édifices n'aient point été aliénés jusqu'à présent ; dans le cas de 1 aliénation, les acquéreurs ne pourront être troubles ni inquiétés sous les peines de droit.
Les ministres de la justice et de la police sont chargés, chacun en ce qui le concerne , de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin des lois.
Le premier Consul, signé BONAPARTE. Par le premier Consul, le secrétaire dJétat J signé HUGUES B. MARET. Le ministre de la justice , signé ABRIAL.
ARRÊTÉ des Consuls de la République.
Du 7 Nivôse, an VIII de la République. ,
LES CONSULS DE LA RÉPUBLIQUE, vu l'avis motivé du Conseil d'état , d'après l'acceptation faite par le peuple français de la Constitution de l'an VIII , ARRÊTENT ce qui suit: Tous les fonctionnaires publics , ministres des cultes , instituteurs et autres personnes qui étaient par les lois antérieures à la Constitution, assujétis à un serment ou déclaration quelconque, y satisferont par la déclaration suivante :
JE PROMETS FIDÉLITÉ À LA CONSTITUTION.
Les ministres de la justice et de la police générale sont chargés , chacun en ce qui le concerne , de l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au Bulletin des lois.
Le premier Consul, signé BONAPARTE. Par Iepremier Consul: le secrétaire d'état , signé HUGUES B. MARET. Le ministre de la justice , signé ABR IALo
ARRÊT É des Consuls de la République.
Du 7 Nivôse, an VIII de la République.
LES CONSULS DE LA RÉPUBLIQUE, vu l'avis.motivé du Conseil d'état, Instruits que quelques administrations forçant le sens des lois qui constituent l'annuaire républicain , ont, par des arrêtés , ordonné que les édifices destinés au cuite ne seraient ouverts que les décadis ; considérant qu'aucune loi n'a autorisé ces administrations à prendre de pareilles mesures, arrêtent ce qui suit :
ART. Ler Lesdits arrêtés sont cassés et annulles.
II. Les lois relatives à la liberté des cultes seront exécutées selon leur forme et teneur.
III. Les ministres de la justice et de la police générale sont chargés , chacun en ce qui le concerne, de i exécution du présent arrêté , qui sera inséré au Bulletin des lois.
Le premier Consul, signé BONAPARTE. Par le premier Consul , le secrétaire d'état , signé HUGUES B. MARET. Le Miliistre de la Justice) signé ABRIAL.
A R R Ê T É des Consuls de la République.
Du 7 Nivôse, an VIII de la République.
LES CONSULS DE LA RÉPUBLIQUE, en conséquence de la proclamation de ce jour, ARRÊTENT :
* ART. I. Dans la décade qui suivra la publication dans les communes composant l'arrondissement de l'armée d'Angleterre , tarw: de la proclamation faite aujourd'hui par les Consuls , que des arrêtés y annexés , "tous les attroupemens des insurgés se dissoudront; chaque habitant rentrera dans sa commune.
II. Les armes de toute espèce, notamment les pièces de canon et les fusils qui ont été fournis par les Anglais , seront déposés dans les lieux et selon le mode que prescrira le général Hédouville.
III. Amnistie entière et absolue est accordée aux habitans des départemens de l'Ouest pour tous les événemens , lb passés, sans que ceux qui ont pris part aux troubles , puissent, en aucun cas , être recherchés ni poursuivis à raison de çe.
IV. Les communes qui resteraient en rebeHion., seront déclarées par le général Hédou ville, hors de la Constitution, et traitées comme ennemies du peuple français.
Le premier Consul signé BoNAPAîtf^. fla 1 iier Consul: le secrétaire d'état, signé HUG-MAKe ministre de la justice r signé AjaRIAL. ;?
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Napoléon Ier (1769-1821 ; empereur des Français). Auteur du texte
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Les consuls de la République aux habitans des départemens de l'Ouest . Proclamation. Du 7 nivôse an VIII de la République une et indivisible
| 98.77 |
1799
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France -- 1799-1804 (Consulat)
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domaine public -- public domain
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